
Baruch Spinoza face à Alfred Rosenberg.
Quel rapport entre Spinoza et les troupes nazies d’Hitler? Irvin Yalom, écrivain et psychothérapeute nous emporte dans ce troublant face à face, avec son livre magistral « Le problème Spinoza ».
Dans un fascinant parallèle, Irvin Yalom décrit la vie du philosophe juif, né à Amsterdam, et celle d’Alfred Rosenberg, un proche d’Hitler. Alfred Rosenberg fut celui qui écrivit « Mythe du XXe », texte qui définira les grandes lignes de l’idéologie nazie. C’est aussi lui qui va assiéger avec ses troupes le petit musée de Rijinsburg, où était abritée la bibliothèque personnelle de Spinoza.
Rosenberg s’appliquera à faire disparaître toutes traces des cent cinquante neuf volumes qui y dormaient. Car, l’existence même de Rosenberg n’avait en somme qu’un seul et unique but: nier l’oeuvre et l’influence de ce philosophe juif, et par la même, nier l’existence du peuple juif. Depuis son adolescence, Alfred Rosenberg ne pouvait supporter l’idée qu’un certain Goethe, monument de la culture allemande, ait pu déclarer que la pensée de Spinoza était de nature supérieure. Dans l’esprit malade de Rosenberg, Spinoza deviendra responsable d’un dévoiement de la culture germanique.
Chapitres après chapitres, nous accompagnons la progression des deux destins. Au Pays-Bas, un certain Baruch Spinoza, travaille dans la boutique de son père, à Amsterdam. Issu de la communauté maranne du Portugal, il commence à faire parler de lui; il semblerait que sa pensée, libre, ne corresponde pas en tous points aux normes de sa communauté. On commence à murmurer. A commenter. A critiquer. Et, parfois, à admirer.
La lutte est amorcée: se plier aux normes ou s’engager dans ce qui semble être une impasse. Spinoza ne renoncera jamais à penser librement, à tenter d’agir en homme libre.
Mais la contrainte sociale sera la plus forte, et la communauté juive d’Amsterdam prononcera son « herem » (mise au ban de la société juive)
La suite, elle est assez connue. Installation à Rijnsburg, élaboration de son « éthique de la joie » et de sa pensée philosophique. C’est ici qu’Irvin Yalom s’emploie avec talent , à l’analyse de cet esprit qui influencera des générations et des générations…..
Fort de son expérience de psychothérapeute, l’écrivain dissèque le cheminement intérieur d’un Alfred Rosenberg, disciple du mal, responsable de l’extermination de millions de juifs d’Europe.
Que ce soit dans le talent avéré d’écrivain ou dans l’acuité psychologique, ce « Problème Spinoza » se place hors catégorie, hors Goncourt.
Le problème Spinoza
Irvin Yalom
Galaade Editions.
24,40 euros
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